Pollution invisible
Impacts du numérique: environnementaux, sanitaires et sociaux.
Introduction
Le numérique, quels impacts?
Le numérique a des impacts environnementaux, mais aussi des impacts sanitaires et sociaux, invisibles au premier regard. Les impacts environnementaux sont liés à la production des équipements, infrastructures et à leurs usages. Ils sont bien documentés par l’ADEME et The Shift Project. Les impacts sanitaires sont liés à la sédentarité, à l’isolement, au stress, à des émotions négatives mais aussi aux troubles moteurs, troubles du langage et de l’attention chez les enfants. Les impacts sociaux sont eux liés à la transformation de nos modes de vie et de travail.
Impacts environnementaux
La notion de sac à dos écologique fait référence au fait qu’il fait 500 fois le poids d’un smartphone en matière première pour le fabriquer (le taux d’extraction du Cuivre varie de 0.3 à 2%, celui du Lithium de 0.05% à 0.15%, etc). Ceci produit d’importantes quantités de déchets et représente des sources de pollution de l’environnement (eau, air, sols).
On peut retenir le chiffre de 10% pour la consommation éléctrique annuelle des services numériques en 2022 mais c’est aussi la tendance, la croissance exponentielle des flux de données (+12 équipements en moyenne par habitant en France, en forte augmentation) que nous sommes invités à interroger. The Shift Project a publié en mars 2021 le rapport Impact environnemental du numérique: tendances à 5 ans et gouvernance de la 5G: “une question se pose quant à la capacité même d’assurer une production industrielle suffisante”. Indirectement, le numérique accélere la consommation de matières premières et d’énergie.
Visio, voitures autonomes, vidéosurveillance, téléchirurgie, cloud gaming, streaming ultra HD… quels sont les nouveaux usages pertinents?
Le Bitcoin représenterait à lui seul 10% de la consommation totale des data centers en 2021 d’après l’observatoire de Cambridge.
La 5G pourrait entrainer une augmentation de 18 à 44% de l’empreinte carbone du numérique à horizon 2030 d’après le Haut Conseil pour le Climat en 2020.
L’IA aussi est gourmande en énergie et a vu sa consommation exploser dans les dernières années. En 2019, dans l’article Energy and Policy Considerations for Deep Learning in NLP d’Emma Strubell, Ganesh Ananya et Andrew McCallum, il est question de modèles avec des millions de paramètres par comparaison à des milliards en 2023 (changement d’ordres de grandeur). En projetant les modèles sur un axe, la performance, sans prendre en compte les ressources et l’énergie nécéssaires, la performance s’est améliorée mais avec une complexité accrue, au profit d’entreprises comme Google Cloud Platform (GCP), Amazon Web Services (AWS), Microsoft (Azure) et NVIDIA (hardware).
Pourtant, d’autres scénarios sont envisageables pour 2030 et 2050, avec davantage de réparation, reconditionnement, sensibilisation et sobriété.
La sobriété numérique désigne les efforts faits afin de chercher la modération dans nos productions et nos usages numériques. Concrètement, il s’agit de chercher à réduire volontairement à la fois la quantité d’équipements numériques, leurs usages ainsi que les ressources qu’ils consomment, dans le but de répondre à nos besoins sans dégrader les conditions écologiques de la planète (source: Youmatter).
Toutefois, la sobriété est dans bien des cas davantage subie que souhaitable. En effet, alors que Total, EDF et ENGIE appelaient les français à une sobriété d’urgence en juin 2022, et alors que le président Macron appellait à une sobriété individuelle en septembre 2022, les français.es sont parvenus à réduire leur consommation pendant l’hiver mais de manière inégale avec un effort plus important pour les femmes vivant dans des situations plus précaires. Voir aussi la présentation d’Amandine Richaud-Crambes de l’ADEME, le 8 mars 2024 à l’INRAE: Les inégalités de genre dans la transition écologique - Exemple: La sobriété énergétique est une histoire de femme.
Pour aller plus loin:
- Le Mooc INRIA/Class Code, accessible à partir du lycée.
- La Fresque du Numérique, un atelier pour comprendre en équipe et de manière ludique les enjeux environnementaux du numérique.
- Ressources de l’université Paul Valéry pour un numérique responsable.
Impacts sanitaires et sociaux
Le plaisir ou encore le fait de scroller mobilise des circuits à dopamine. Dans les applications, et en particulier sur les réseaux sociaux (Flux Tiktok, Reels Instagram, Shorts Youtube), tout est pensé, testé, optimisé pour pousser l’utilisateur à cliquer plus, consommer plus… Voir par exemple le Ted Talk de Harrish Murugesan Psychology Behind UI/UX Design ou encore le blog de recherche de Google Brain sur la curiosité et procrastination.
On est saturé d’information de peur d’en manquer ou simplement par ennui (économie de l’attention), ce qui impacte directement notre état de santé physique et santé mentale.
Je me sens épuisé et en manque d’énergie par manque d’activité physique. Aussi, je sens que ma capacité d’attention a baissé à cause des réseaux sociaux. - Étudiant en licence, mai 2023.
👉 Voir notre recueil de témoignages sur les réseaux sociaux en mai 2023.
Vous pouvez enquêter autour de vous. Ce projet de sciences participatives est l’occasion de vous confronter au terrain et de développer vos compétences de détective.
Nous verrons en cours comment agir avec des mises en situations concrètes (au travail, en famille, dans les transports).